Les droits humains sont au cœur des interventions des Nations Unies. La mission doit entretenir un partenariat solide avec les organes des Nations Unies sur les questions relatives aux droits humains. Mais l’équipe de direction de la mission peut également être amenée à faire des choix difficiles entre la paix et la justice lorsqu’elle promeut les droits humains. Cela illustre une considération fondamentale de leadership sur les polarités. Une mission doit promouvoir à la fois la paix et la justice.
Que sont les principes des droits de l’Homme ?
Les droits humains sont l’un des trois piliers du système des Nations Unies. Les deux autres piliers sont le développement et la paix et la sécurité.
Les principes des droits humains doivent inspirer la planification stratégique d’une opération de paix des Nations Unies. L’ensemble du personnel doit veiller à promouvoir, respecter et protéger les droits humains. Le chef de mission et l’équipe de direction de la mission doivent veiller à ce que l’ensemble du personnel comprennent ses responsabilités en matière de droits humains.
Les membres du personnel des Nations Unies coupables de violations des droits humains doivent faire l’objet d’une enquête. Ces enquêtes relèvent de la responsabilité du chef de mission et/ou de l’équipe de direction de la mission. Ils doivent faire part de toute allégation d’abus à la section Conduite et discipline.
Avant de soutenir une force de sécurité extérieure aux Nations Unies, la mission doit évaluer les risques et les avantages. Cette obligation est énoncée dans le plan de développement des droits humains des Nations Unies. L’évaluation doit porter sur les antécédents du bénéficiaire du soutien en matière de droits humains. Elle doit également porter sur l’adéquation des mesures visant à prévenir les violations des droits humains.
Sections des droits de l’Homme dans les missions
La section des droits humains contribue à l’intégration des droits humains dans toutes les activités des missions. Elle effectue des contrôles, des enquêtes, des évaluations, des rapports, des actions de plaidoyer et des interventions, donne des conseils en matière de droits humains et apporte son soutien aux gouvernements hôtes en matière de réforme institutionnelle et de renforcement des capacités.
Le chef de la section des droits humains fait office de conseiller en matière de droits humains auprès du chef de mission. Il est également le représentant du HCR aux droits humains dans la zone d’opération.
L’équipe de direction de la mission doit engager un dialogue avec les acteurs concernés sur la situation des droits humains. Il s’agit notamment des organisations de défense des droits humains, de la société civile et des autorités de l’État hôte. La publication de rapports conjoints sur les questions préoccupantes est désormais une pratique courante.
Plusieurs autres sections jouent un rôle important dans la promotion et la protection des droits humains. La section de la protection de l’enfance en est un exemple. Elle se coordonne généralement avec le RSSG pour les enfants et les conflits armés et l’UNICEF.
D’autres sections sont également concernées, notamment celles qui s’occupent de l’égalité des sexes et de l’État de droit. Certaines opérations comprennent également des composantes dédiées à des aspects spécifiques de la justice transitionnelle.
La mission doit maintenir un partenariat solide avec les Nations Unies sur les questions relatives aux droits humains. Il en va de même pour les autres acteurs humanitaires, de développement, politiques et autres. Mais la promotion des droits humains peut conduire à des choix difficiles. Une mission doit soutenir la paix et la justice en même temps, et ne négliger ni l’une ni l’autre.
Les situations de conflit et d’après-conflit augmentent souvent l’exposition des femmes aux risques. Mais les femmes jouent également un rôle dans la promotion des droits humains et l’instauration d’une paix durable. Bien qu’elles soient comprises et acceptées, ces questions restent tout de même négligées. Une mission peut même les négliger sur la base d’une approche des droits humains erronée et « ignorant le genre » .
Violences sexuelles liées aux conflits
Les forces de sécurité indisciplinées et d’autres groupes pensent souvent qu’ils peuvent agir en toute impunité. La violence sexuelle est fréquente dans les conflits armés et dans les États fragiles. La violence sexuelle liée aux conflits consiste en des actes violents de nature sexuelle. Cela inclut le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée et la grossesse forcée. Elle comprend également toute autre forme de violence sexuelle à l’encontre de femmes, d’hommes, de filles ou de garçons.
La violence sexuelle liée aux conflits est un crime qui va à l’encontre du droit international des droits humains, du droit pénal et du droit des réfugiés. Les auteurs peuvent orchestrer ces violences dans le cadre de campagnes de terreur délibérées contre des groupes spécifiques. En tant que telle, elles peuvent faire partie d’un effort génocidaire ou d’une atrocité de masse. Elles peuvent également se produire de manière plus décentralisée. Une telle situation peut être due à une carence de discipline au sein des unités, ou à un manque général de sécurité et de stabilité.
La mission doit toujours avoir l’avis des femmes sur la violence sexuelle et sexiste. Les groupes de femmes, les ONG, les médias et les OSC peuvent fournir des informations sur la violence sexuelle et sexiste et d’autres questions. S’il n’existe pas encore de groupes de femmes, la mission peut aider à les créer.
Rappelons que dans de nombreuses cultures, le simple fait de parler de la violence sexuelle et sexiste est un tabou. Intervenir dans de tels contextes peut s’avérer particulièrement difficile. La mission doit tenir compte du contexte et adopter des approches locales dans sa démarche de prévention.
La prévention et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes sont des activités multidimensionnelles. En tant que telles, elles dépendent de la capacité intégrée de la mission et du système des Nations Unies.
Le système des Nations Unies met généralement en place un sous-groupe ou un groupe de travail pour s’occuper des questions de violences sexuelles et sexistes dans le cadre d’une intervention spécifique. Le déploiement d’un nombre suffisant de femmes en uniforme dans les composantes militaire et policière est une condition préalable. L’UNPOL peut également déployer des équipes spécialisées dans les enquêtes et les violences sexuelles.
Les Nations Unies elles-mêmes ne doivent jamais aggraver la situation par un manque de discipline ou un comportement prédateur. L’équipe de direction de la mission et la section Conduite et discipline de la mission doivent rester vigilantes sur ce point.
Protection des enfants
Les enfants ont des besoins particuliers en situation de conflit. Plusieurs mandats d’opérations de paix comportent des dispositions relatives à la protection des enfants.
Mainstreaming the protection, rights and well-being of children affected by armed conflict within UN Peacekeeping Operations
Il peut arriver que les forces armées recrutent des enfants mineurs. Ces derniers peuvent être victimes de violences sexuelles, être parties prenantes ou victimes de meurtres, de mutilations ou d’enlèvements. Ils peuvent également ne pas avoir accès à l’aide humanitaire ou à des programmes de DDR adaptés aux enfants.
La mission peut être amenée à s’attaquer aux abus commis contre les enfants par les groupes armés. Ceci peut prendre la forme d’une aide humanitaire, d’une réinstallation ou d’une réunion avec des membres de la famille. Il peut également s’agir de programmes de réintégration, d’éducation et d’autres formes de soutien.
Les conseillers en protection de l’enfance aideront l’équipe de direction de la mission à identifier les priorités en matière de protection de l’enfance dans une zone de mission. L’UNICEF, l’équipe de pays des Nations Unies et les acteurs nationaux peuvent également jouer un rôle le cas échéant.
Principales activités opérationnelles
- Suivi régulier de la situation des droits humains.
- Intégrer les préoccupations en matière de droits humains et de protection dans les processus de planification des missions.
- Prévenir les violations des droits humains grâce à des mécanismes d’alerte précoce à l’échelle de la mission.
- Évaluer les menaces et les vulnérabilités (par exemple pour les femmes, les enfants, les personnes déplacées et les minorités).
- Mettre en place des équipes de protection conjointes composées de militaires, de policiers et de civils.
- Mener des enquêtes approfondies sur les violations graves des droits humains et/ou sur des cas spécifiques.
- Déployer des équipes mobiles multidisciplinaires ou de défense des droits humains dans les zones reculées.
- Effectuer des patrouilles régulières et de dissuasion.
- Assurer des conditions de sécurité appropriées pour garantir des zones démilitarisées temporaires.
- Entreprendre des actions de plaidoyer et d’intervention aux niveaux local, national et/ou international.
- En collaboration avec le HCDH, publier des rapports sur les questions relatives aux droits humains dans le pays.
- Surveiller et signaler les violations graves des droits de l’enfant
- Soutenir les réformes institutionnelles et le renforcement des capacités au sein du gouvernement hôte et de la société civile.
- Contrôler et obtenir l’accès à toutes les détentions par le personnel des Nations Unies.
Court terme
- Les principes, informations et analyses en matière de droits humains éclairent la planification stratégique et les politiques de la mission.
- Patrouilles sur les routes principales et dans les zones instables telles que les marchés, les points d’eau et les écoles.
- Mise en place de mécanismes et de processus de surveillance et de signalement des violations graves.
- Élaboration et mise en œuvre d’un plan de communication stratégique.
- Intégration des questions de protection transversales dans les activités de la mission.
- Mise en place, au sein de la mission, de mécanismes de coordination intégrés sur les questions de protection transversales.
Moyen terme
- Élaboration et mise en place de stratégies de prévention et de réaction aux à la violence sexuelle et sexiste et à la violence à l’égard des femmes.
- Responsabilité des violations et recours pour les victimes de violences sexuelles liées aux conflits violences sexuelles et sexistes garantis.
- Soutien et développement de la capacité de la société civile à suivre la situation des droits humains.
Long terme
- La population locale est en mesure d’affirmer et de revendiquer ses droits humains.
- L’État et les autres institutions nationales sont en mesure de remplir leurs obligations en matière de droits humains.
- Formation aux droits humains dispensée aux autorités publiques, aux écoles et aux enseignants.
- Aide à l’élaboration et à la mise en œuvre de plans d’action nationaux en matière de droits humains.
Défis et risques
- Les attentes locales dépassent la capacité de la mission à prévenir la violence contre les civils.
- La portée des mesures d’atténuation requises réduit la probabilité d’un consentement local.
- La faible capacité locale à comprendre les processus de cartographie et de vérification pourrait réduire leur crédibilité.
- Le faible engagement des décideurs du pays hôte dans les mécanismes de suivi et d’évaluation pourrait nuire à l’efficacité de l’analyse comparative.
- La corruption et les affiliations politiques pourraient entraver les réformes.
Éléments à prendre en considération
Il y aura toujours une tension entre le devoir de s’exprimer et la nécessité de faire avancer le processus de paix. La paix et la justice sont deux objectifs importants de toute mission. La mission doit choisir entre une diplomatie silencieuse et un plaidoyer « léger » à long terme.
La mission doit toujours suivre son propre plan de développement des droits humains. Mais le gouvernement hôte doit également exercer son monopole sur l’usage légitime de la force. Cela peut créer des tensions entre la mission et les forces locales. Il doit y avoir un équilibre entre l’opportunité et la cartographie et le contrôle. Cela renforce la légitimité et la crédibilité du processus au sein de la société civile. La mission doit s’engager avec les représentants des forces locales à tous les niveaux. De même, elle doit s’engager auprès des minorités et des femmes.
Le gouvernement hôte et les groupes de la société civile peuvent parfois être en conflit. La mission doit toujours s’efforcer de maintenir de bonnes relations avec les deux. C’est essentiel pour atteindre les objectifs de la mission en matière de droits humains. Il convient également de s’en souvenir lorsque l’on entame une nouvelle coopération ou de nouvelles activités.
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